LE GRAND BLUFF

C’est une journaliste télé qui m’a fait mettre un nom sur la gêne que j’éprouve depuis la campagne présidentielle. Lors du G8, au repas du soir ,G.W.Bush a été bluffé par l’énergie de Nicolas Sarkosy. Même quand il n’y a rien à dire, l’homme ou la femme de télé trouve toujours la petite phrase qui se veut favorable au Président.

Tous les jours, j’aurais pu faire mon petit billet pour relever les flagorneries de la journée. Mais bon, je me suis lancée dans une réédition de toute ma poésie sous forme d’anthologies, la 1^ère étant « L’amour-L’éternité ». C’est un gros travail qui m’éloigne des soucis du temps. Mais en fond, le problème du financement d’une telle édition se pose, c’est une autre affaire à voir le moment venu.

En entendant que Bush était bluffé ! j’ai réalisé que je l’étais tout autant d’où mon malaise et le déplaisir de parler de l’actualité politique .Si je regarde les photos de début de campagne puis celles qui suivirent, on peut penser à une cure de botox, c’était bien nécessaire pour faire face à la charmante Segolène de même génération. De plus, il lui a fallu ingurgiter des sédatifs pour abandonner ses gestes nerveux et un nervosisme qui aurait pu se confondre avec de la misogynie à l’heure où la presse people parlait d’embrouilles avec Cécilia.

Le plus important est le coup de bluff au niveau des idées. La rupture, quelle rupture ? Avec la gestion précédente ? On reprend les mêmes, Kouchner serait une innovation incroyable, un homme de gauche, charmé par Sarko s’allie à la droite ultra. Mais Kouchner est-il de gauche ? Qu'est-ce qu'un humanitaire qui ne dénonce pas les budgets de l'armement, les trafics et les guerres qui s'en suivent? Et qu’on me définisse d’abord ce que signifie être de gauche. Le Français ordinaire a l’habitude que trop de politiques pensent à leur profit personnel et ce, d’une manière pas forcément honnête si bien que ce n'est pas un retournement de veste qui va l'étonner. C'est le chacun pour soi et l'exemple vient du plus haut niveau.

Etre élu avec un peu plus de 53%, c’est formidable, phénoménal. Les abstentions + les votes nuls, ça fait que + de 50% des Français ne se reconnaissent pas dans cette élection.

Pour les législatives, tout a été dit pour claironner que « les jeux étaient faits » La vague bleue qui ne sera peut-être pas aussi clémente que celle de vos vacances sonne l’hallali des gens de progrès. Alors puisque les jeux sont faits, le nombre des abstentions voisine les records. C’est montrer d’une manière éblouissante que la totalité des électeurs vaut moins qu’une poignée d’hommes d’affaires ou des médias.

Il faut une écrasante majorité pour que le Président puisse tenir ses promesses. C’est ce qu’on nous corne aux oreilles. Devons-nous être si pressés pour voir nos droits sociaux diminuer ? Et cette exigence, ne serai-ce pas une façon de se désister de toute responsabilité? Le 1er tour des législatives est déjà présenté comme un plébiscite à l'action présidentielle et d'ajouter la suite de ses démarches pour faire adopter sa révision du traité européen et sans consulter les Français. Avant même que la chambre entre en fonction, la démocratie a sa fosse toute prête.

Pour l’instant que s’est-il passé ? Fi, sur la dette, Sarko qui menait grand train aux finances puis à l’Intérieur ne va pas se soumettre à des restrictions quand il parvient à l’Elysée, lui, le pauvre petit émigré chassé de son château parce que ses parents aimaient Hitler. Ils n’avaient pas fait le bon choix et si les Français à leur tour faisait le mauvais choix ! Il n’y a pas que les gênes qui se transmettent, il y a surtout les idées.

« Travailler plus, pour gagner plus »slogan qui veut faire croire à l’intérêt de tous alors qu’il s’agit d’un cadeau supplémentaire au patronat. Avec les 35h, les patrons ont accru les rythmes de travail, ce n’est pas l’ouvrier chez Peugeot ou Renault qui peut faire des heures en plus, déjà qu’ils préfèrent le suicide à une vie de bête de somme. El les travailleurs du bâtiment qui fabriquent les poutrelles de béton armé dans la chaleur, l’humidité, la poussière ne sont pas pressés d’accélérer la date où ils  cracheront leurs poumons. Pour vous détendre, rien de mieux que le jogging, combien les petites séances du Président coûtent aux contribuables si on compte l’escorte de gardes du corps, les séances du kiné…

Donc pour l’instant, les heures sup, la séance jogging pour garder la forme, la dette aux calendes grecques, le pire est à venir et à nous de trimer parce que la France a besoin d’un sursaut.

C’est sûr. Les résultats partiels des législatives témoignent que les patrons veulent tenir la dragée haute aux prolos. En juin 1968, droite et extrême-droite ont défilé en commun, une fois que le Général a dit « J’y suis, j’y reste ». Mais les législatives qui ont suivi ont donné « une chambre introuvable » tellement elle était gaullienne. Mais le Général avait une bonne connaissance de l’histoire et se rappelait la sagesse de Louis XVIII qui eut soin de ne pas en tenir compte pour diriger la France, lucidement, il savait que les Français n’étaient pas représentés par la chambre ultra nouvellement élue et le roi n’avait aucun goût pour redevenir un émigré. Grosse abstention nous a-t-on rappelé aux législatives de 1978 mais rien n’a été dit sur la grève générale de début juin 1977 qui fit que Valéry Giscard d’Estaing n’avait plus la confiance du patronat. Aux usines Peugeot de Mulhouse-Chalampé, les contremaîtres étaient chargés début 1981 de répandre l’idée du changement nécessaire. En 1974, dans le cas où Mitterrand aurait gagné,  Peugeot avait prévu un look-out où seuls les services commerciaux auraient fonctionné grâce aux parcs automobiles remplis suite au travail à temps plein de l’ensemble des ouvriers avant les élections alors qu’ils étaient au chômage technique partiel.

Au fait, comment fait-on des heures supplémentaires quand l’usine est en chômage technique partiel?

Pourquoi vouloir sous sa totale égide, l’assemblée nationale ? Sarkosy avait dit la nécessité d’un pouvoir parlementaire réel ce qui serait vraiment nécessaire. Mensonge, il veut des députés à ses bottes. Puisqu'ils acceptent les honneurs d'un titre qui ne leur donne aucun pouvoir autant montrer à tous que ce sont que des godillots qui quémandent les bonnes grâces du prince qui a, entre les mains, tous les leviers de commandes comme dans une fin de régime. Ce n’est pas sans rappeler Napoléon III qui confisqua la république bourgeoise

Je ne peux que souhaiter que le 2^nd tour des légilatives apportera la contradiction dans le débat parlementaire puisque c’est encore possible. Sinon il restera la solution d’Arlette Laguiller : le 3^ème tour sera dans la rue.