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2 février 2009

LES GENDARMES DANS L'ECOLE

Société - Article paru dans "L'Humanité

le 26 janvier 2009

Evaluations scolaires très contestées

école . Face à la désobéissance pédagogique, l’État en appelle… aux gendarmes !

Pendant une semaine, entre le 19 et le 23 janvier, l’éducation nationale a procédé aux évaluations de niveau des classes de CM2. Pour le ministre Xavier Darcos, « les évaluations objectives, régulières, transparentes » ont un but : « disposer d’indicateurs fiables des acquis des élèves pour mieux piloter le système éducatif ». Mais l’obsession de l’évaluation rencontre de nombreuses réticences, voire une farouche opposition de tous côtés : instituteurs et directeurs d’école mais aussi parents d’élèves et élus locaux. Sur le principe, que les enfants soient évalués n’est pas en soi contesté. Les inquiétudes concernent en fait le contenu et les objectifs de ces évaluations. Pourquoi sont-elles d’un niveau trop élevé et pourquoi tester les élèves en janvier sur des connaissances qu’ils n’auront acquises et assimilées qu’à la fin de l’année scolaire ? À terme, la crainte est de voir se profiler une concurrence entre établissements scolaires et une remise en question de la liberté pédagogique.

 

Dans une lettre de désobéissance adressée au ministre de l’Éducation nationale, un directeur d’école de l’Ain, Pierre Devesa, explique son « indignation sincère » : « De quel cerveau surchauffé a pu sortir l’idée de soumettre à des élèves de CM2 un texte d’Hemingway et un de Maupassant, qui ne sont pas précisément des auteurs de littérature de jeunesse ? Le premier paragraphe de l’exercice 1, où un enfant malade se verra administrer une ampoule en guise de remède, est révélateur. Une ampoule ? Pour des élèves de 2009, l’utilisation de ce médicament n’est pas lumineuse. » Et de poursuivre : « Je ne souhaite pas collaborer à une vaste entreprise de fragilisation et de dépréciation de l’école (…). Nous étions des passeurs, des guides, et nous devenons des trieurs, des contrôleurs. » Comme lui, nombreux sont les professeurs et parents d’élèves à avoir empêché la bonne tenue des épreuves. Seule la méthode varie. À Toulouse et dans le sud de la Haute-Garonne, huit écoles ont été occupées et bloquées vendredi par des parents d’élèves pour ne pas diffuser les évaluations aux élèves de CM2. D’autres, comme à Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise), se sont rendus en classe avec les élèves pour confisquer les carnets d’évaluations distribués par les instituteurs.

 

Dans l’Hérault, la mobilisation a été aussi forte que… supervisée. Dans une dizaine d’écoles, dont celles de Loupian et de Saint-André-de-Sangonis, les gendarmes ont téléphoné aux directeurs d’établissement pour s’assurer du bon déroulement des évaluations. Une seule école aurait reçu leur visite directe. Selon Joël Vézinhet, secrétaire du syndicat SNUipp 34, l’inspecteur d’académie lui a assuré n’avoir donné aucun ordre aux gendarmes : « Il semblerait certaines gendarmeries font du zèle… Ça fait quelques mois que l’on voit des gendarmeries appeler des écoles. » Lors d’une réunion tenue vendredi 16 janvier à Gignac, l’inspectrice de la circonscription avait convié maîtres du CM2 et directeurs d’école à récupérer les livrets d’évaluation. Parents d’élè-ves et élus s’étaient invités. La réponse de l’inspecteur d’académie : l’envoi de huit gendarmes. Gérard Cabello, maire communiste de Montarnaud, présent lors de cette manifestation, a déjà reçu trois visites des gendarmes en deux mois. « La première, c’était avant les vacances de Noël. Ils sont intervenus car les parents d’élèves avaient apposé une banderole sur les grilles de l’école. Les deuxième et troisième fois, ils sont venus début janvier, le matin et le soir, pour enlever une banderole « Sauvons les RASED » et « Non à la fermeture d’une classe ». Je les ai interpellés pour leur dire que j’aurais été ravi de les voir plutôt sur des missions de sécurité. Par la suite, j’ai eu la confirmation qu’ils étaient en mission de renseignement. »

 

Ixchel Delaporte

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