Ne pas favoriser le dumping des écoles privées !
Lundi 28 septembre 2009
L'Assemblée nationale entame ce jour l'examen de la proposition de loi Carle (déjà adoptée par le Sénat) visant à « garantir la parité de financement entre les écoles élémentaires publiques et privées sous contrat d'association lorsqu'elles accueillent des élèves scolarisés hors de leur commune de résidence ». Il s'agit en fait de renforcer le privilège exorbitant accordé par l'article 89 de la loi de 2004 aux écoles privées, au détriment des efforts de l’État et des communes pour étendre la présence des écoles publiques sur l’ensemble du territoire.
On remet ainsi en question la libre administration des communes. En
l'absence d’accord préalable, la commune est mise devant un fait
accompli et doit le faire supporter à l’ensemble des contribuables. On
fait ainsi primer l’intérêt particulier sur l’intérêt général en
favorisant la scolarisation dans les écoles privées, à 80 %
confessionnelles.
En vertu d'un principe de « parité » sans
fondement pour des systèmes d'enseignement public et privé qui ne sont
pas soumis aux mêmes contraintes de service public, au mépris du
principe constitutionnel selon lequel « L’organisation de
l’enseignement public, gratuit et laïque à tous les degrés est un
devoir de l’État », on fait de la laïcité un principe à géométrie
variable selon les situations locales.
Quel besoin y avait-t-il d'aller encore plus loin que la loi Debré de
1959, sinon pour favoriser la privatisation, à l'école comme dans bien
d'autres domaines, au risque de développer plus encore l'exclusion ?
Les familles étranglées par la baisse de leurs revenus n'ont pas besoin
de nouvelles exigences : mettre les enfants dans des institutions leur
paraissant garantir de meilleures chances de réussite (parfois plus
loin, parfois en contradiction avec leurs opinions propres !) ou payer
des cours privés !
L'UFAL demande donc aux députés de mesurer les conséquences de ce vote
et, au cas où il serait acquis, suggère à ceux qui s'y seront opposés
de saisir le Conseil constitutionnel.