Certes, ce désarmement n’a
rien à voir avec celui de Saddam Hussein, qui a conduit à l’invasion de l’Irak.
Mais, un désarmement a toujours des conséquences néfastes sur les intérêts
nationaux et sur ceux géostratégiques du pays.
Souvenons-nous que l’Iran,
situé dans une zone de grande turbulence, a été agressé à plusieurs reprises
par les Empires russe, britannique, soviétique et américain. Ce dernier avait
fomenté un coup d’état en 1953, renversant le Dr. Mossadegh et ramenant sur le
trône le Chah déchu.
Après la victoire de la
révolution de 1979, l’Iran a été agressé par l’armée irakienne soutenue par
l’Occident, y compris la Russie. Ils ont fourni des armes et des munitions des
plus sophistiquées à l’armée irakienne qui a pilonné sans répit, pendant huit
ans, les villes et les infrastructures de l’Iran. L’aviation irakienne était
principalement équipée de matériel russe et français.
Pour imposer la fin de la
guerre, nuisible à la circulation dans le Golfe persique, un avion d’Iran-Air,
avec plus d’une centaine de passagers civils à bord, fut abattu par la marine
américaine au-dessus du Golfe persique.
L’invasion de l’Irak, puis
de l’Afghanistan devait se poursuivre par celle de l’Iran, tâche cependant
considérée très difficile par l’état major de l’armée américaine, enlisée,
affaiblie et discréditée en Irak.
Ce fut l’occasion pour
l’Iran de renforcer son potentiel militaire, ses réseaux d’influence dans la
région et fabriquer des centrifugeuses. Les missiles iraniens ont montré leur
efficacité lors de la guerre du Liban à l’été 2006, au cours de laquelle, la
résistance libanaise a fait mordre la poussière à Tsahal. Depuis, le
développement de l’arsenal balistique iranien, décrié en Occident, est évalué
en fonction de sa portée pour atteindre, entre autres, la centaine de bases
militaires américaines au Moyen-Orient et en Asie centrale, encerclant l’Iran.
Le comble de l’hystérie
anti-iranienne fut atteint lorsque les Etats-Unis autorisèrent la France à
installer une base militaire à Abou Dhabi, à 250 km au sud de l’Iran.
Au fur et à mesure du
redressement de la situation en faveur de l’Iran et de la résistance
anticolonialiste de la région, les Américains modifièrent leur comportement,
acceptant le rôle joué par l’Iran qui, à son tour- et suite à une entente avec
eux- calma l’ardeur de ses partisans irakiens. Ceci permit à l’armée américaine
de commencer à rapatrier d’Irak une partie de ses militaires.
Faut-il rappeler qu’une
entente entre deux puissances ressemble à un marché où règne la loi du
donnant-donnant.
La puissance militaire
iranienne, ses missiles, ses centrifugeuses et son influence régionale sont des
moyens de pressions qui permettent à l’Iran de contrer l’agressivité de ses
adversaires, d’empêcher l’invasion de son territoire et d’arracher un maximum
de concessions lors des pourparlers.
A leur tour, les puissances
occidentales regardent d’un mauvais œil le progrès accompli par leurs
adversaires. Le jour où l’Union soviétique voulut développer le nucléaire militaire,
les Etats-Unis la menacèrent d’un bombardement nucléaire. Un vaste mouvement
mondial pour la paix empêcha les Etats-Unis, alors uniques détenteurs de l’arme
nucléaire, de passer à l’action.
L’Iran se retrouve
exactement dans la même situation que l’Union soviétique avant l’acquisition de
l’arme nucléaire. Avec cette différence que, possédant des réseaux depuis les
frontières chinoises jusqu’à la Méditerranée, l’Iran est en mesure de se
défendre et de monnayer au prix fort sa collaboration.
Désarmer l’Iran, ou
simplement empêcher le développement de son potentiel militaire, permettrait à
l’Occident de parler en position de force avec l’Iran, de réduire ses
prétentions de puissance régionale, de le «pakistaniser», c’est-à-dire le
transformer en pion au service des intérêts géostratégiques de l’Occident, en
particulier les Etats-Unis.
Sortir d’Iran l’uranium
enrichi est un premier pas dans le complot occidental consistant à affaiblir
l’Iran, sa souveraineté politique, sa souveraineté territoriale, son influence
régionale et les mouvements anticolonialistes d’Orient.
Certes, le pouvoir
théocratique iranien est sorti affaibli suite à l’élection présidentielle qui a
reconduit pour quatre ans le bail d’Ahmadinejad. Le mouvement de contestation
ne faiblit pas. Le clergé chiite et les fondamentalistes au pouvoir sont
divisés. L’Occident sait bien qu’il est difficile au pouvoir iranien de se
battre sur plusieurs fronts, intérieurs et extérieur. C’est pourquoi, pour
arracher des concessions, l’Occident exerce des pressions de plus en plus
fortes sur le pouvoir iranien, falsifie le compte-rendu des pourparlers, en se
targuant à tort de la disponibilité des négociateurs à accepter les conditions
posées par les puissances occidentales. Ceci, dans le but de diviser davantage
la classe politique iranienne, pourtant bonne «joueuse d’échecs»!
Mais, les Iraniens
nationalistes et sourcilleux quant à l’indépendance du pays, ainsi que
l’opposition, veillent. Le pouvoir iranien, aussi contestable soit-il, a montré
qu’il est conscient de l’immensité des enjeux et qu’il n’est pas prêt à plier
l’échine devant la pression occidentale.
La situation se dégrade de
plus en plus en Afghanistan et au Pakistan. Le front s’élargit chaque jour et
les Américains ont énormément besoin de l’influence iranienne pour «pacifier»
leur zone d’influence en Asie centrale.
Faut-il rappeler que les
Etats-Unis n’ont pas les mêmes intérêts stratégiques que l’Union européenne ou
Israël, traités comme des pions. Ils doivent s’adapter à la stratégie
américaine.
En effet, les Etats-Unis
cherchent un compromis avec l’Iran, qui ne rechigne pas, non plus, à un
compromis acceptable avec le «Grand Satan». L’entente en Irak peut servir de
modèle pour trouver un compromis en Afghanistan, «pièce» Ô combien stratégique,
aux confins de quatre puissances mondiales et régionales: la Russie, la Chine,
l’Inde et l’Iran. La suprématie planétaire des Etats-Unis en dépend. Autrement
dit, l’Iran doit aider les Etats-Unis à perpétuer sa domination mondiale.
Quelle «honte» pour l’Iran «anti-impérialiste» et pour les Etats-Unis, la plus
grande puissance économique et militaire. C’est de la géopolitique!
La recherche de compromis
va de pair avec les «moyens de pression». Donc tous les coups sont permis.
L’uranium enrichi à 3,5% en fait partie.
Paix et Justice au Moyen-Orient
STRASBOURG,
le 1er novembre 2009