Conseil Régional, 100 ans après le drapeau rouge à Strasbourg
Près de
100 ans après les conseils d'ouvriers et de soldats à Strasbourg ,
élections régionales 2010 en Alsace, seule région à droite, un parti qui
se dit "la majorité alsacienne", rajoutez le FN et leurs sympathisants
hors liste "Alsace d'abord", même si le trio s'envoie quelques piques
et "le parti de la réaction" est largement représenté. Pour la
progressiste que je suis, ce n'est pas très respirable. Voir mon article
du 7 mars : Conseil régional, quel bilinguisme? et, bien sûr, l'article
ci-dessous publié dès février 2006 et remis en exergue pour rafraîchir
la mémoire de Roland Ries.
Hier soir, débat sur FR3, avec cette phrase de Roland Ries, maire de Strasbourg. L'Alsace a été à gauche (j'ajoute avant la guerre de 1939-40), "c'était un socialisme jacobin, maintenant, c'est un socialisme régionaliste". Et Binder du FN de se réclamer du nationalisme. Jacobin? Les socialistes auraient été pour le club révolutionnaire ? pour les idées républicaines ? pour le centralisme? Toutes ces définitions ne collent guère. Mais que par opportunisme ou lâcheté, les socialistes donc Monsieur Ries se disent régionalistes, c'est probable. Un socialisme régionaliste comme Alsace d'abord et le FN nationaliste à Strasbourg, un socialisme sarkosiste avec Jean-Marie Bockel et son parti de gauche moderne à Mulhouse et j'ajouterai avec Antoine Waechter, un homme d'Europe Ecologie qui, dans le passé, comme député européen n'a pas voté la motion contre Le Pen parce que sur sa liste présence de Simeoni, Corse nationaliste, une pareille embrouille a de quoi désorienter l'électeur alsacien.
Tonic
Magazine, un organe de libre expression avec Hans Thierry, directeur et
organisateur de dîner-débat a connu des revers et ressuscite avec
Hebdi-Hebdo où dans un premier numéro sur le web, "Alsace d'Abord"
menait sa campagne. Installée depuis 50 ans en Alsace, j'en ai vu des
intellectuels progressistes rejoindre un des organes de cette droite
ultra car elle sait les solliciter. Il faut une imbécile comme moi pour
résister, j'ai peut-être l'excuse de ne pas m'embrouiller dans les
idéologies. Mais il est certain qu'un créateur, s'il est bon, n'a rien à
attendre de la gauche. Il est d'abord un(e) rival(e) et puis chacun
sait depuis la présidence Mitterrand que la création n'existe pas, il y a
seulement la créativité que chacun porte en soi. Donc que les créateurs
s'exilent, il n'y a pas de place pour eux.
Le 7
novembre 1918, dans Strasbourg, rattachée à l'Allemagne depuis 1871, des
manifestants parcourent les rues aux cris de "Vive la France". Le 22
mai, des manifestants tentaient de s'opposer aux départ de jeunes
recrues pour la guerre. En Allemagne, des conseils d'ouvriers et de
soldats se forment, le 7/11, le mouvement révolutionnaire atteint
Hambourg.
Le 9/11/18, des groupes de marins allemands et alsaciens
venant de Kiel commencent à donner une orientation révolutionnaire aux
manifestations qui ont lieu à Strasbourg. Pendant ce temps, en
Allemagne, les conseils ouvriers font éclater la révolution à Berlin.
Des délégués d'usine, des socialistes indépendants et des spartakistes
occupent les bâtiments publics. L'empereur Guillaume II abdique. Rosa
Luxemburg est enfin libérée. Le N°1 du drapeau rouge paraît.
Le
10/11, à Strasbourg, les soldats allemands révoltés sont accueillis
avec enthousiasme. La révolution stasbourgeoise commence. D'autres
villes élisent leurs conseils. Face à ceux qui se déclarent pour le
retour à la France, les conseils font coller des affiches: "ni
allemands, ni français, ni neutres. C'est le drapeau rouge qui est
vainqueur. Nous n'avons rien de commun avec les états capitalistes. Vive
la social-démocratie internationale. Vive les conseils des ouvriers et
des soldats".
11/11 Foch dicte les conditions de l'armistice à la
délégation allemande dans un wagon à Rethondes près de Compiègne. A 12h,
les hostilités cessent. La première guerre mondiale s'achève. L'armée
allemande peut conserver 5000 mitrailleuses pour réprimer toute
tentative révolutionnaire.
13/11 Les drapeaux français
apparaissent aux fenêtres de Strasbourg. A 15h, le drapeau rouge flotte
sur la cathédrale comme "le symbole d'une république de droit et de
justice et non d'un république du grand capital".Un conseil de
gouvernement est élu. Ce soviet central gouvernera la ville pendant une
dizaine de jours.
21/11 Les troupes du général Castelnau entrent à
Strasbourg. La droite jubile. Elle réclame le retour de l'Alsace " à la
grande nation française". Des drapeaux tricolores sont distribués pour
l'accueil de l'armée. De Castelnau fait dissoudre les conseils des
ouvriers et des soldats. L'ordre est rétabli.
LES
CLIVAGES NATIONAUX BROUILLENT ET REMPLACENT LES CLIVAGES DE CLASSE.