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le blog politique de michelle meyer
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2 juin 2010

Israël après l'attaque contre les humanitaires

Habituellement, le gouvernement israélien fait très attention à son image. Ici, il est allé jusqu’à abattre des membres d’un convoi humanitaire pour maintenir le blocus sur Gaza, déclenchant un tollé de la communauté internationale. Israël a-t-il perdu la tête ?
Le raid israélien n’a rien d’étonnant. Il ne s’agit pas d’une bavure. C’est une action qui s’inscrit dans la logique de la politique israélienne. Cette logique consiste à apporter, à tout problème, une solution militaire. Depuis toujours, les gouvernements israéliens qui se sont succédé n’ont connu que les rapports de force. Et même avant : en 1923, le sioniste Jabotinsky écrivait que la seule manière d’imposer l’Etat juif était d’écraser les Arabes.
Cela dit, on voit en effet que cette stratégie ne fonctionne plus beaucoup aujourd’hui. Depuis quelques années, le gouvernement israélien enchaîne des échecs : il n’est pas parvenu à venir à bout du Hezbollah durant la guerre du Liban, ni du Hamas durant celle de Gaza. L’armée israélienne ne parvient plus à défendre complètement sa population et ses opérations se retournent contre l’Etat.

Depuis plusieurs mois, on voit des signes d’isolement israélien : incident diplomatique avec Joe Biden sur le gel des colonies, remise en question du soutien US par le général Petraeus… Israël est-il en train de perdre le soutien qui faisait sa force jusqu’à maintenant ?
Oui, les signes d’isolement sont importants. Sur le plan international, il y a eu le rapport Goldstone qui accuse Israël de crimes contre l’humanité. Ce rapport a été adopté par une large majorité des Nations Unies.
L’attaque de la flottille a également provoqué une crise importante avec la Turquie. Et c’était un pays allié d’Israël très important jusqu’à maintenant. Les deux Etats pratiquaient notamment des manœuvres militaires communes. Aujourd’hui, ils sont au bord de la rupture.
Ensuite, il y a également le soutien américain qui montre des signes de délitement. Ca se voit à travers de petits détails comme lors de la visite de Benjamin Netanyahu à la Maison-Blanche : il n’y a pas eu de photo ou de déclaration commune et Barack Obama a planté son homologue israélien pour aller manger avec sa femme et ses filles. Mais ça se ressent surtout sur des éléments plus importants comme cette remise en cause du soutien de Washington par le général Petraeus. Ce dernier a clairement exprimé que le soutien des Etats-Unis à Israël desservait les intérêts US au Proche-Orient.
Enfin, en Union Européenne, on peut observer une certaine schizophrénie : d’un côté on cherche à rehausser les relations avec Israël, de l’autre on envisage de suspendre la coopération avec Tel-Aviv. Suite à l’attaque de la flottille, pratiquement tous les gouvernements de l’UE ont convoqué leur ambassadeur israélien et je doute que ce fut pour prendre le thé ! Par ailleurs, des grandes banques et des fonds souverains se désinvestissent des colonies israéliennes. On voit donc de manière générale des signes importants d’isolement israélien.

Interview de Dominique Vdal, spécialites du Moyen Orient
Quel impact cette attaque du convoi humanitaire pourrait-elle avoir sur le conflit israélo-palestinien ?

Tout d’abord, je pense que la défense du blocus israélien sur Gaza va devenir intenable. Officiellement, il est mené de manière très cynique car il viserait à empêcher le Hamas de se fournir en armes. Mais cet aspect sécuritaire n’est pas logique car le mouvement palestinien parvient tout de même à s’approvisionner, notamment via les tunnels. Le véritable but du blocus israélien est d’étouffer la population de Gaza pour qu’elle se retourne contre le Hamas. C’est difficilement défendable et ça ne fonctionne pas.
Ensuite, l’attaque de la flottille a provoqué des tensions extrêmes. Dorénavant, Obama va être confronté à ses responsabilités et va devoir relancer activement le processus de paix.

Justement, Israël ne cherche-t-il pas à gagner du temps en provoquant une nouvelle crise ?
C’est bien possible mais là encore, c’est une opération militaire qui va se retourner contre le gouvernement israélien. Son isolement grandissant entraîne une pression. Ca ne met pas Israël en situation avantageuse pour négocier. Et les choses ne s’amélioreront pas tant que le gouvernement persévèrera dans la politique de la force au lieu d’adopter la force de la politique. Evidemment, la deuxième option implique de pouvoir faire des concessions aux Palestiniens.

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