Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le blog politique de michelle meyer
Derniers commentaires
Archives
le blog politique de michelle meyer
11 novembre 2011

L’oncle Jules était à Verdun

Quand la tante Lucia venait chez la grand-mère, j’entendais souvent le même propos,

- Et dire que Jules n’a pas demandé la médaille, ni la légion d’honneur !

La grand-mère hochait la tête de désapprobation et Lucia renchérissait

- Le seul officier à survivre, il y avait forcément droit !

- Comme adjudant, c’est certain, approuvait la grand-mère. Ma pauvre Lucia, Clet n’était pas mieux, tu sais bien qu’il a quitté son poste de capitaine pour s’occuper d’une ferme. Je ne suis pas restée avec lui. Je n’ai pas marié un officier pour me retrouver l’épouse d’un paysan ! Mais il n’en a fait qu’à sa tête !

- Et lui quitter l’armée pour gratte-papier, Oh ma pauvre Marie ! Des hommes sans ambition !

L’oncle Jules gardait son air naturellement bienveillant avec ses petits yeux toujours allumés comme s’ils riaient, il paraissait ne rien entendre.

Alors, je me suis approchée du tonton et lui est tapoté sur la cuisse pour que « ces dames » ne remarquent pas que je recherchais le dialogue avec ce fautif.

- Dis Tonton, pourquoi tu n’as pas demandé la médaille ?

- Ben petite, tous mes compagnons sont morts. Moi, j’ai été projeté dans un trou fait par un obus et j’y suis resté jusqu’à ce que le feu cesse. On ne demande pas une médaille avec une pareille chance même si des éclats d’obus continuent à s’expulser par mes jambes, quand j’ai besoin de me gratter, c’est cette cochonnerie qui s’en va plus de vingt ans après.

J’étais impressionnée par les morts évoqués, je n’osais questionner davantage, le ton m’avait fait comprendre qu’ils étaient nombreux.

Le grand-père avait plein de médailles qu’il refusait de porter lors d’une commémoration, « cette batterie de cuisine » qu’il disait avait dit la grand-mère en riant quand la fillette les avait découvertes dans un tiroir.

Le grand-père avait lui aussi des éclats d’obus dans le corps et l’un d’eux s’était baladé trop près du cœur et avait signé sa dernière heure. D’ailleurs de cette sale guerre, il avait gardé une vilaine blessure et il crachait du sang à cause du gaz moutarde dans les tranchées.

 

Comme disait le Tonton, mari de maman Thérèse[1], la guerre est une vraie putain, elle entraîne les hommes et ils ne réapparaissent plus. La mémé du Cap Sizun dit la même chose. Elle a montré ses terres en friche et a dit : « ce sont les pensions de mes fils morts qui me font vivre ! » ; Six sont restés sur les champs de bataille.

 


 

[1] « La lumière des années tendres », roman où les villageois du Bourbonnais accueillaient les enfants de la guerre. 192 Pages, 19€

Commande avec chèque joint  Michelle Meyer 28 rue Salluste 67200 Strasbourg

 

 

Publicité
Commentaires
le blog politique de michelle meyer
Publicité
Publicité