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le blog politique de michelle meyer
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13 avril 2013

LES ALSACIENS NON DUPES DE L'EUROREGION

CE QUI SUIT EST UN ARTICLE DE MPEP que je trouve excellent et que je recommande à ceux qui m'ont accusée de ne pas vouloir du bilinguisme (en clair, l'allemand d'abord) et en cela d'être du côté du PS Haut-Rhinois qui s'est prononcé pour le NON. Je ne suis pas au parti et ceux qui veulent que je retourne à Paris, je n'y ai jamais vécu, ma famille est bretonne et j'ai vécu 5 ans à Evian-les-Bains qui aura à se prononcer surr l'Euro-région des 2 Savoies.
Pour compléter la mondialisation néolibérale : la régionalisation par les eurorégions

 

La mondialisation néolibérale est une stratégie politique mise en œuvre à grande échelle par les classes dirigeantes internationales à partir du tournant des années 70-80. Face à la puissance des luttes syndicales, à l’existence d’un bloc communiste important (indépendamment de l’opinion que l’on porte sur ces régimes politiques), et à l’émergence du Mouvement des pays non-alignés dans le tiers-monde, les classes dirigeantes devaient régir. Il fallait qu’elles disciplinent le monde du travail – et le tiers-monde - pour redresser leurs profits. Elles y sont parvenues, au Nord, en réorganisant le travail à l’échelle planétaire et en libéralisant toutes les activités : commerce international, finance, marché du travail. Elles y sont parvenues, au Sud, en l’écrasant sous la dette. Le processus, d’ailleurs, comme on le voit en France avec l’Accord national interprofessionnel sur l’emploi (ANI), est toujours en cours car il existe encore des résistances.

Toutefois, globalement, la révolutionéolibérale a été un succès : le monde communiste a quasiment disparu (on ne fera pas, ici, de commentaires sur le point de savoir si la Corée du Nord et la Chine sont des pays communistes au sens marxiste), le Mouvement des pays non-alignés s’est globalement aligné sur l’impérialisme, les syndicats dans les pays occidentaux ont été très affaiblis. Résultat : les profits ont remonté (10% du PIB en France ont basculé du travail vers le capital), la critique du système capitaliste s’est atténuée.

Pour terminer le travail, les classes dirigeantes ont besoin de casser le dernier obstacle à la liberté totale d’établissement de l’ordre marchand (capitaliste) : les États-nations, et particulièrement ceux s’inspirant du modèle français. Car dans les États-nations il existe encore un certain niveau de démocratie. Les parlementaires restent élus par le peuple, les gouvernements sont l’émanation des parlementaires, l’alternance est possible bien que les grands médias, partout, soient entièrement au service des possédants, ralentissant les prises de conscience. Dans ces pays, il existe encore un système de protection sociale et un droit du travail qui limite – certes de moins en moins – les attaques du capital.

 

Bref, les États-nations à la française sont des obstacles qu’il faut faire sauter. Une manière sympathique de le faire est de prôner la « régionalisation » et la constitution de « métropoles ».

 

Ainsi l’Union européenne vide les États de leur souveraineté (monétaire, budgétaire, en matière de commerce international…) pour favoriser les régions. L’objectif est une complète réorganisation politique de l’Union européenne. Ce n’est pas une simple réorganisation administrative, mais c’est octroyer des pouvoirs politiques, économiques et financiers aux régions, ces dernières étant directement reliées à Bruxelles. En fait il s’agit d’une volonté centralisatrice au niveau de Bruxelles.

 

La régionalisation sert à dynamiter les États. Masquée derrière une reconnaissance factice des identités régionales, c’est en réalité une volonté de dilution des différences nationales pour permettre la standardisation des goûts, des habitudes, des cultures permettant la normalisation des marchandises et les économies d’échelle pour les firmes multinationales et les marchés financiers. Car ceux-ci, comme les médias planétaires, évidemment, ne seront pas régionalisés ! Les firmes multinationales et banques géantes, au lieu de trouver face à elles des États puissants qui pourraient les dominer, seront en présence d’une multitude de régions désarmées.

 

Parallèlement à l’organisation de la montée en puissance des régions, Bruxelles veut favoriser la « coopération transfrontalière », même de manière artificielle, pour créer des situations de fait qui contournent les États. Car la meilleure « eurorégion » est celle qui est transfrontalière. Celle-ci devient alors une entité totalement en dehors des États. Un outil existe pour mettre en œuvre cette funeste stratégie, c’est l’Association des régions frontalières d’Europe (ARFE). Dans sa charte, elle veut transformer les frontières nationales en « frontières administratives ». Les régions pourront ainsi remettre en cause la souveraineté des États et aller vers les « eurorégions ».

 

C’est toute l’Union européenne qui doit être remodelée selon ce modèle. À l’intérieur de ces eurorégions les frontières nationales n’existeront plus, elles seront dotées de pouvoirs législatifs ou dérogatoires au droit national.

 

Le principe des eurorégions est de déshabiller Pierre pour habiller Paul. Ce n’est pas un système coopératif mais au contraire concurrentiel. Toutes les régions seront en concurrence avec toutes les autres. Pas de pitié pour les petites régions qui seront écrasées par les grosses. La mutualisation, la solidarité, la péréquation, efficaces uniquement à l’échelon national, disparaîtront. L’égalité des citoyens devant la loi n’aura plus de raison d’être, puisqu’il y aura une loi par eurorégion…

 

 B.- La victoire du NON du 7 avril montre que le projet des eurorégions peut être mis en échec

Le référendum du 7 avril s’inscrivait bien dans la stratégie de mise en place de l’Europe des régions par la désintégration des États. À cet égard il suffit pour s’en convaincre d’observer l’enthousiasme manifesté par les régionalistes de tout poil (avant les résultats du référendum !).

Pour Marc Le Fur, député UMP des Côtes-d’Armor : « c’est un projet important pour l’Alsace mais également pour d’autres régions qui risquent de suivre si le oui l’emporte. Grâce à l’Alsace la porte s’entrouvre pour remettre en cause l’organisation exagérément jacobine de la France » (Ouest France, 4 avril 2013). Pour Isabelle Le Callennec, députée UMP d’Ille-et-Vilaine, une victoire du oui « serait un élan pour avancer et réformer profondément au niveau français » (Ouest France, 4 avril 2013). L’idée d’une collectivité unique de Bretagne a été lancée par l’Union démocratique bretonne et Europe-Écologie-Les-Verts, afin de disposer « du pouvoir législatif et d’un budget à la hauteur d’une région autonome normale d’Europe ». Yannick Bigouin, pour EELV, a déclaré : « Nous souhaitons travailler à la création d’une collectivité territoriale unique en Bretagne » (Acteurspublics.com, 22 mars 2013). Le malheureux Philippe Richert estimait quant à lui que « l’enjeu du projet, c’est de dépasser un modèle national sclérosé, à l’heure de la compétition internationale entre les régions ».

Pour le Dauphiné Libéré du 5 avril 2013 : « Unis par l’Histoire mais séparés par le découpage administratif après leur rattachement à la France en 1860, les deux départements savoyards (Savoie et Haute-Savoie) comme ceux de Bretagne, regardent avec intérêt ce scrutin en Alsace. La situation juridique est cependant bien différente. Loin de former à eux seuls une région, ils sont intégrés dans Rhône-Alpes. Or pour l’heure, la loi interdit la partition d’une région. Du coup, si des idées ‘‘fusionnelles’’ se font jour, elles portent uniquement sur l’échelon départemental. Depuis 2001, Savoie et Haute–Savoie conduisent d’ailleurs en commun une expérience unique, celle de l’Assemblée des Pays de Savoie. Dotée d’un budget et d’une personnalité juridique propre, cette structure réunit 30 conseillers généraux issus des deux départements et s’attache à mener des actions communes. »

La voix des allobroges du 5 avril donne la parole à Laurent Blondaz, secrétaire du Mouvement Région Savoie : « L’alsace est à peu près de taille égale à la Savoie, et son niveau de population est sensiblement le même. Comme l’Alsace, la Savoie partage aussi une frontière avec deux autres pays européens. Ces similitudes font que, tout comme en Alsace, il serait très facile de regrouper les départements savoyards. Cette initiative régionale est vraiment intéressante, et devrait nous inspirer. Sans parler d’indépendantisme, la démocratie doit maintenant passer par la base. On a fait l’Europe économique, maintenant il faut construire l’Europe démocratique ».

Le référendum local du 7 avril en Alsace avait bien un enjeu national, et même européen comme le prouve cette sélection de déclarations.

La nouvelle collectivité qui aurait pu voir le jour, si le « oui » l’avait emporté en Alsace, pouvait « se voir confier d’autres compétences par la loi, dans le cadre de l’Acte III de la décentralisation, ou par des attributions spécifiques : comme la langue régionale, l’orientation des jeunes, la coopération transfrontière, une part de compétence réglementaire ou encore d’autres compétences dont l’exercice au niveau local présente un intérêt  ». C’est ce que Philippe Richert et ses amis ont voulu cacher.

Le « projet stratégique pour l’Alsace » prévoyait en outre (page 11) : « Transfert de compétences normatives réglementaires en matière de Droit du Travail à travers le droit local (comme en matière de sécurité sociale) afin de pouvoir adapter certaines situations locales (notamment via des accords d’entreprises) aux problématiques de compétitivité/coût par rapport à la Suisse et à l’Allemagne  ».

Pour le Club d’affaires franco-allemand du Rhin Supérieur, qui réunit l’Alsace, le pays de Bade et le sud du Palatinat en Allemagne et le nord-ouest de la Suisse : « les politiques doivent faire progresser l’harmonisation des règles juridiques, sociales, techniques, afin de fluidifier le marché de l’emploi dans le Rhin Supérieur ; le Club pointe la nécessité d’une plus grande convergence en matière sociale [ni 35h, ni SMIC en Allemagne !] ».

Le président de la Chambre de commerce et d’industrie d’Alsace, Jean-Louis Hoerlé, a déclaré : «  La force de l’Allemagne est d’avoir des régions autonomes et structurées. Peut-être que l’Alsace devrait s’en inspirer […] Ce qu’il faudrait aux entreprises pour se rapprocher du voisin allemand c’est moins de charges et plus de flexibilité, ainsi qu’une administration qui fasse preuve de moins de lourdeur […] La main-d’œuvre française va être de plus en plus nécessaire à l’Allemagne  ».

Le Congrès d’Alsace de décembre 2011 avait été très clair et a ensuite été escamoté : « Si nous acceptons de fonder le Conseil d’Alsace [ancien nom de la Collectivité territoriale d’Alsace] nous renforcerons l’attractivité de nos territoires et leur compétitivité en Europe. […] L’Alsace dans la compétition libérale de grandes régions européennes doit s’intégrer au Rhin Supérieur […] Dans la stratégie de la création de grandes régions économiques européennes, le Conseil d’Alsace doit renforcer la cohésion territoriale de l’Alsace, pour que celle-ci puisse ensuite contribuer, au mieux de ses forces, à renforcer la cohésion territoriale de la Région métropolitaine tri-nationale du Rhin Supérieur, périmètre d’excellence du développement économique  ».

L’Alsace, si le « oui » l’avait emporté, serait devenue un sous-traitant de l’Allemagne, un territoire pourvoyeur d’une main-d’œuvre d’exécution à bas prix.

En fait la décentralisation est mal nommée, il s’agit en réalité d’une régionalisation, ou plutôt d’une centralisation régionale par absorption des départements et fusion-disparition des communes. Une fusion, par définition, concentre, elle ne décentralise pas. C’est la volonté de faire naître une multitude de nouveaux droits à l’échelon régional, mis en concurrence les uns avec les autres, pour attirer le capital, les entreprises et permettre à la main-d’œuvre de la région de s’expatrier en la rendant moins onéreuse que toutes les autres. C’est casser le principe d’égalité. C’est le rétablissement des provinces d’antan, des fiefs et des seigneurs qui guerroient tous contre tous.

 

Que retenir des résultats de ce référendum ? La régionalisation, et encore plus les eurorégions sont une imposture. Il s’agit en fait d’une nouvelle centralisation. L’Acte III de la décentralisation, épousant et amplifiant cette logique, doit être rejeté. Dans ce combat nous disposons d’un atout puissant après le 7 avril, car le résultat du référendum alsacien interdit, dans les autres régions, d’aller plus loin pour l’instant. À nous de profiter de ce bref moment dans la course de vitesse qui est désormais engagée.

 

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