MARGINALISATION DANS LES SOCIETES INSDUSTRIALISEES

La sincérité militante et la fidélité à des idées de progrès, dans un contexte qui encense l’individualisme forcené et la compétitivité pour écraser l’autre, sont targuées d’idéalisme. Même si vous réalisez les limites de votre action, vous restez fidèle dans vos engagements qui vont dans le sens d’une société plus juste et débarrassée de la hyène fasciste. Je fais partie moi-même de ces idéalistes si bien que malgré ma formation et ma culture générale, je suis marginalisée sans le vouloir et il me reste assez d’humour pour me comparer à Don Quichotte.

Il y a de plus en plus de marginaux, ceux qui ont rejeté la société et le système dans leur ensemble mais dans lesquels je ne me reconnais pas. Je nourris suffisamment d’espoir dans les capacités de l’être humain pour qu’un jour des modifications en profondeur se réalisent pour le bien du plus grand nombre. Ces idéalistes sont des progressistes  et dérangent car leur foi est inébranlable, ce sont des mystiques du progrès humain.

Il y a les marginalisés par la mutation économique qui avec moins d’individus au travail génère des entreprises toujours plus productives. Ceux qui détiennent les instruments de la production thésaurisent les profits du travail car machines et robots sont les résultats des travailleurs qu’ils soient chercheurs, intellectuels ou manuels.

Quand les possédants se trouvent confrontés à l’organisation des exclus, ils refusent une réorganisation du travail et veulent rester au statu quo datant d’un siècle comme si le monde vivant était immuable;  or le principe même du vivant est d’être sans cesse en mouvement. Ce sont des conservateurs obtus;

Première erreur faite. Leur argument fondamental est la lourdeur des charges pesant sur le salarié embauché, jamais ces détenteurs du capital ne disent la plus-value résultant du travail du salarié. Deuxième erreur de leur part, ils agissent comme si nous étions dans un pays en voie de développement ! Le mouvement actuel des chômeurs devrait leur dessiller les yeux ; les laissés-pour-compte (chômeurs, travailleurs mal rémunérés) ont la capacité d’analyser les pièges du système dominant et pratiquent un parler concret que tout le monde comprend. Ce parler clair oblige l’adversaire, propriétaire des outils de travail, à sortir de son jargon de technocrate ; son attachement à conserver les privilèges d’une fortune venue de la force du travail est alors clair comme l’eau de roche.

Autres marginalisés, les penseurs non médiatisés. Dans « Métropolis », Arte a souligné que seuls quelques intellectuels étaient médiatisés, donc connus du grand public, car leur discours était proche de celui des journalistes en place. Mais le commentateur ajoutait que cette pensée unique n’était qu’apparence, il existe nombre de penseurs tout aussi valables avec un discours différent. Ce spot se rapproche d’un autre propos sur ARTE, il y a quelques années, à propos de la Foire de Francfort. Dans cette grande messe du showbiz du livre, les auteurs qui resteront dans le patrimoine ne sont pas les invités; il faut les chercher dans la microédition. Dans une époque du tout médiatique, la création ne s’est pas démocratisée. Et pourtant les idées font leur chemin. Il suffit que la puissance des mots et des idées atteignent quelques-uns pour que les œuvres se propagent malgré les entraves mises en place.