Risque nucléaire, Fessenheim (Ht Rhin)
Pourquoi il faut fermer la
>centrale nucléaire de Fessenheim
Une centrale nucléaire est toujours dangereuse, même lorsqu'elle
est toute neuve. Mais les risques augmentent avec le temps. A plusieurs
reprises, une catastrophe nucléaire a été frôlée en France. Au lieu de
continuer à compter sur la chance, il faut profiter de ce que les
centrales nucléaires arrivent à 30 ans de fonctionnement pour les
fermer au fur et à mesure.
Les centrales nucléaires subissent tous les dix ans des inspections
approfondies (dites "visites décennales") qui sont censées permettre
aux inspecteurs de la sûreté nucléaire de décréter si chaque réacteur
est apte ou non à continuer à fonctionner.
Mais le Réseau "Sortir du nucléaire" dénonce des décisions
favorables imposées à l'avance par EDF et par les autorités françaises.
Ainsi :
Depuis septembre 2003, EDF publie des comptes d'entreprise basés
sur une durée de vie de ses réacteurs nucléaires de 40 ans.
Le 13 novembre 2008, le directeur de l'Autorité de sûreté
nucléaire (ASN), M André-Claude Lacoste, a déclaré : "On peut imaginer
que Fessenheim ne puisse plus continuer à fonctionner. Ça me paraît
très improbable." (L'Alsace, 15 novembre 2008)
Il est clair que les dés sont pipés et que l'autorisation de
continuer à fonctionner sera accordée malgré l'accumulation des
incidents à Fessenheim et malgré de graves défauts déjà détectés.
C'est donc aux citoyens de se mobiliser pour assurer leur sécurité,
en imposant la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim puis de
toutes celles qui arriveront à 30 ans de fonctionnement.
EDF ayant prévu d'investir 400 millions d'euros par réacteur
prolongé, il est donc possible d'économiser ces sommes très importantes
et de les investir dans les économies d'énergie et le développement des
énergies renouvelables.
Le vieillissement des installations nucléaires
De graves situations accidentelles en France
Le risque sismique : les falsifications d'EDF
Le vieillissement des installations nucléaires
Le quotidien Les Echos du 8 avril 2009 précise que "lors des
dernières visites décennales, vers 1999, les cuves de réacteurs situés
au Tricastin et à Fessenheim avaient présenté des défauts de
revêtement." On a vraiment du mal à imaginer que, 10 ans plus tard, les
cuves des réacteurs de Fessenheim se portent mieux.
Et pourtant les incidents plus ou moins graves se multiplient dans
les centrales nucléaires, à tel point qu'il est impossible de les
lister. Nous nous contenterons donc d'en rappeler quelques uns des plus
récents, qui concernent les réacteurs de 900 MW de Fessenheim ou
identiques à ceux de Fessenheim :
"Le 18 février 2008, un tube d’un générateur de vapeur du
réacteur n°2 de la centrale nucléaire de Fessenheim s’est fissuré à la
suite d’une "anomalie de supportage", conduisant à une fuite du circuit
primaire vers le circuit secondaire." (Communiqué de l'ASN, Paris, le
21 octobre 2008)
"Soulagement à EDF : les deux assemblages de combustible
nucléaire suspendus depuis un mois et demi au-dessus du coeur du
réacteur n° 2 de la centrale du Tricastin (Vaucluse) ont été
"sécurisés". Ils ne risquent plus de tomber et d'occasionner des fuites
radioactives dans l'enceinte du site, voire au-delà." (Le Monde, 25
octobre 2008)
"Un incident technique qualifié par la direction de la centrale
de Gravelines d' "exceptionnel et de "délicat", est survenu lors du
déchargement du combustible situé au coeur du réacteur n°1 (…) Une
barre d'uranium de plusieurs centaines de kilos est suspendue dans la
piscine avec le risque qu'elle se décroche et retombe sur les 156
barres similaires fixées au fond de la cuve du réacteur. Ce serait le
pire des scénarios pour la centrale". (La Voix du Nord, 11 août 2009)
Par ailleurs, vous ne pouvez ignorer la dramatique dégradation des
conditions de travail dans les centrales nucléaires EDF, avec en
particulier un recours maximal à la sous-traitance, situation qui s'est
traduite ces derniers mois par des grèves (pour la première fois dans
le nucléaire français), mais aussi des suicides et tentatives de
suicides :
"La production nucléaire reste perturbée depuis six semaines par
un conflit sur les salaires et l'embauche de prestataires extérieurs
surnommés les "nomades du nucléaire", qui amène EDF à réquisitionner
les grévistes, certains syndicats craignant pour la sécurité."' (AFP,
18 juin 2009)
"Trois salariés du site d'EDF à Chinon (Indre-et-Loire) se sont suicidés depuis août 2006" (Le Monde, 5 avril 2007) ;
"La fédération CFTC de l'énergie a dénoncé mercredi dans un
courrier à EDF un "harcèlement managérial" à l'origine, selon elle,
d'une récente tentative de suicide dans la centrale nucléaire de
Saint-Alban (Isère) (…) Ce salarié avait alerté à plusieurs reprises
les syndicats pour dénoncer "le manque de moyens mis à sa disposition
pour assurer la sécurité du site" (AFP, 1er octobre 2008)"
De graves situations accidentelles en France
EDF ne manque jamais de rappeler que, en 40 ans de nucléaire,
aucune catastrophe ne s'est produite en France. Pour notre part, nous
n'oublions pas que le pire a été frôlé à plusieurs reprises. Par
exemple :
deux fusions partielles du cœur à la centrale nucléaire de
St-Laurent-les-Eaux (Loir-et-Cher) le 17 octobre 1969 et le 13 mars
1980.
une catastrophe frôlée à St-Laurent (encore !) le 12 janvier 1987
: EDF n'avait pas pensé que la Loire puisse geler et que de fait la
centrale soit… impossible à refroidir.
une autre catastrophe frôlée le 27 décembre 1999 à la centrale
nucléaire du Blayais (Gironde), gravement inondée. Les "responsables"
d'EDF avaient calculé que l'eau de la Gironde ne pouvait pas passer
par-dessus les digues de la centrale… mais elle est quand même passée.
Le risque sismique : les falsifications d'EDF
Par ailleurs, le Réseau "Sortir du nucléaire" a révélé que EDF a
mis en place des actions de lobbying "au plus haut niveau" pour
empêcher la prise en compte de données sismiques qui auraient entraîné
de coûteux travaux de remis à niveau des centrales :
"Ce débat serait sans doute resté confidentiel sans la
publication par «Sortir du nucléaire» de courriers internes d'EDF, le
26 mai. Des ingénieurs d'EDF y formulaient clairement le souhait
d'appliquer des références moins sévères que l'IRSN. Car les travaux de
renforcement de certaines centrales pourraient coûter jusqu'à 1,9
milliard d'euros à l'entreprise." (Le Figaro, 27 juin 2003)
"Sortir du nucléaire accuse EDF d'avoir "falsifié des données
sismiques" (AFP, 24 juin 2003). Nous attendons encore d'être attaqués
pour "diffamation"par EDF qui, il est vrai, aurait eu du mal à
contester ses propres documents : "Sortir du nucléaire a mis la main
sur des courriers électroniques et des notes internes à EDF qui
vilipendent les nouvelles normes sismiques de l'autorité de sûreté,
jugées trop sévères et trop coûteuses." (Le Point, 11 juillet 2003)