LE TOUT MEDIA:Nicolas Sarkozy et ses otages préférés
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Clotilde Reiss, Ingrid Betancourt, Gilad Shalit...Il y
a ceux qui sont médiatisés et il y a les autres.
"Nous ne laisserons tomber
aucun de nos compatriotes pris par des terroristes. Nous ne laisserons tomber
aucun Français, quelles que soient, par ailleurs, les erreurs qu’ils aient pu
faire, qui se trouvent dans l’épreuve. Les Français seront ramenés à la maison,
ils seront en France".
C’est ainsi que Nicolas Sarkozy,
lors d’un voyage en février 2010 dans la capitale gabonaise Libreville, s’est
félicité de la libération de Pierre Camatte, kidnappé au Mali par des
extrémistes islamistes qui se revendiquaient d’Al-Qaida au Maghreb.
Un
cheval de bataille
Déjà en 1993, Nicolas Sarkozy était
apparu sur la scène médiatique grâce à une prise d’otage, celle de la
maternelle de Neuilly. Un informaticien dépressif, Erick Schmitt, se faisant
appeler "Human Bomb", s’était enfermé dans une classe avec une
vingtaine d’enfants et leur institutrice. Il menaçait de se faire exploser si
on ne lui payait pas 100 millions de francs de rançon. Nicolas Sarkozy, alors
maire de Neuilly, était intervenu et les images des journaux télévisés avaient
immortalisé l’événement en le montrant, un garçonnet dans les bras.
Dix-sept ans plus tard, il continue
à mettre l’accent sur la libération d’otages dans le monde entier. Au rythme
d’une communication quasi parfaite, il recueille la ferveur collective de
l’opinion publique attentive au déroulement des "opérations de
sauvetage". Messages télévisés, preuves de vie distribuées au
compte-gouttes, accueil des libérés devant la presse réunie pour l’occasion,
tout est mis en œuvre pour démontrer le travail actif de l’Etat dans ce domaine
privilégié. Une fois les ex-otages accueillis en fanfare sur le sol français
les remerciements se multiplient, les icônes se figent, de quoi flatter les
égos et remonter souvent les cotes de popularité.
La
médiatisation une condition de réussite
En principe, l’Etat n’abandonne pas
ses ressortissants. Pourtant, il y des cas plus emblématiques que d’autres, des
cas qu’on aide plus que d’autres. Parce que justement ils sont plus
popularisés, plus médiatisés. "Les services administratifs français se
mobilisent d’autant plus si l’affaire est portée à l’opinion publique",
confirme Francis Chouraqui, avocat et président de l’association Otage du
monde. "La médiatisation fait monter le curseur de la valeur de l’otage",
poursuit-il. Le risque en cas de non-médiatisation ? Que l’otage soit
oublié, abandonné, voire tué. "La médiatisation est une condition de sa
survie", affirme Francis Chouraqui. Une assurance vie en quelque
sorte.
Actuellement, le Quai d’Orsay compte
quatre otages français détenus à l’étranger :
Deux journalistes de France 3, Hervé Guesquières et Stéphane
Taponnier ont été enlevés le 30 décembre 2009 en Afghanistan.
Michel Germaneau, âgé de 78 ans, a été enlevé au Niger le 22
avril 2010.
Un membre de la Direction général de la sécurité extérieure
(DGSE) est détenu en Somalie depuis le 14 juillet 2009 par des rebelles
islamistes.
Une personne est considérée comme
otage par le ministère des Affaires étrangères dès lors qu’il y a enlèvement
par un groupe à des fins de revendications politiques ou criminelles. C’est
pourquoi on ne retrouve pas Florence Cassez dans cette liste, condamnée par un
tribunal. Clotilde Reiss faisait pourtant partie des personnes considérées
comme otage. La jeune femme "était un cas particulier",
précise le Quai d’Orsay. Curieusement, on n’y trouve pas non plus Gilad Shalit.
La
limite des Etats démocratiques
Et puis il y a ceux dont on parle
moins comme Salah Hamouri, un franco-palestinien de 23 ans, condamné à sept ans
de prison par un tribunal militaire israélien pour avoir projeté l’assassinat
du chef spirituel du parti Shass, le rabbin Ovadia Yossef. Sans remettre en
question la légitimité du tribunal israélien, la diplomatie française s’efforce
d’obtenir la clémence pour des faits "qui relèvent au pire de
l’intention". "Il me semble que la fonction d’un Etat est
d’assurer la protection de ses ressortissants. Elle s’arrête lorsque l’Etat
visé est considéré comme démocratique", justifie Francis Chouraqui
pour expliquer le traitement différentiel appliqué à Salah Hamouri.
Pour le jeune homme, pas de portrait
accroché au fronton des mairies, ni de campagne de sensibilisation, ni compte
des jours passés en détention. Seuls quelques groupes de solidarité avec les
Palestiniens mènent campagne en France pour obtenir la libération de ce
prisonnier. Ces derniers font valoir que le président Sarkozy intervient
régulièrement pour la demande de libération de Gilad Shalit, qui dispose
également de la nationalité française.
Une
libération amère
Dans un entretien accordé au
journaliste Benoît Duquesne, Christophe Beck, ex-otage décédé en février
dernier affirmait "qu’il faut avoir les médias derrière soi pour faire
bouger le corps politique. C’est clair et net. Je pense que c’est bénéfique
pour eux et pour leur retour". Lui-même, fut un otage oublié. Alors
petit éleveur au Venezuela, il a été enlevé en 2005 par des combattants de
l’ELN (Armée de libération nationale), une organisation moins connue que les
Farcs. A l’époque la situation de Christophe Beck n’interpelle visiblement pas
le cabinet de Philippe Douste-Blazy, alors ministre des Affaires étrangères. La
famille a dû se débrouiller seule et réunir 2 300 000 euros, la somme demandée
par les ravisseurs. Après sa libération, Christophe Beck a reçu une petite
indemnité de l’Etat et a fini ses jours dans un mobil home. Triste retour au
pays. Du côté des diplomates, on a justifié cet abandon par une discrétion
indispensable à la réussite des négociations. L’ancien otage a lui accusé le
gouvernement de ne pas avoir apporté tout le soutien nécessaire pour des
raisons plus illégitimes : "Ma femme n’a pas eu le droit de créer
de comité de soutien. Ils [le Quai d’Orsay] menaçaient de ne pas s’occuper de
l’affaire. Il y avait l’affaire Betancourt qui concentrait l’attention des
médias. Il ne fallait pas qu’il y ait deux affaires en Colombie",
a-t-il confié.
Pour tordre le cou à ces
insinuations, la mairie de Paris a accroché un panneau sur le fronton de
l’Hôtel de ville en 2008 après la libération d’Ingrid Betancourt. On peut y
lire "Paris s’engage pour la liberté de tous les otages dans le monde".
Le maire de Paris avait déclaré : "Il faut qu’on globalise notre
engagement pour la liberté de tous les otages, sinon on serait dans une espèce
de choix entre les otages". Une forme d’aveux ?
24 mai 2010 - 17 h 10 - Le
Nouvel Observateur
Mon commentaire sur le Tout Media
La médiatisation : elle nous conditionne au point que tout le monde prétend aimer le sport et le foot en particulier. Vos émissions favorites disparaissent des antennes pour laisser place au sport. A croire que les chaînes publiques sont les chaînes Spécial Sport. Jamais d'émissions sur la poésie. L'Etat prend soin de vous, il a décrété que vous n'aimiez pas et pour être consensuel, vous dites ne pas aimer même si vous ne connaissez rien de ce qu'écrit un poète vivant. Cela s'appelle la censure. Quel vilain mot. Aurez-vous le courage d'affirmer que la censure est pratiquée en France pays des droits de l'Homme où celui qui vous dirige augmente les salaires députés de 40%, dès son avènement, alors qu'il vous répète de vous serrer la ceinture. Ce n'est pas parce qu'il a un top model dans son lit sur conseil du publiciste Seguela de manière à avoir les manchettes de Voici qu'une majorité de Français a choisi, de son plein gré, la ligne haricot vert.